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PORTRAIT

Amallyah-Peyssa KolivAi : « C’est compliqué d’être une femme transgenre en Nouvelle-Calédonie »

Publié le 22/10/2019

Première et seule femme transsexuelle à travailler dans les médias de son pays, l’animatrice radio engagée et étudiante à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, Amallyah-Peyssa Kolivai raconte.

C’est à Sigave sur sa petite île de Futuna en territoire d’Outre-Mer qu’Amallyah-Peyssa est née, le 14 juin 1987. Après avoir obtenu son baccalauréat STTACA (Sciences technologies tertiaires spécialisé en action et communication administrative) en 2005, elle a décroché un poste d’animatrice au sein de Wallis Première, l’unique média d’état à Wallis-et-Futuna. C’est ensuite sur Océane FM que la calédonienne a continué son parcours journalistique. La radio de Nouvelle-Calédonie lui a laissé sa chance. Elle a d’ailleurs proposé à la rédaction des sujets pour le site internet ainsi que de faire des émissions en live sur le réseau social Facebook. « Je souhaitais attirer plus de monde sur le média mais surtout viser des auditeurs qui n’habiteraient pas sur le territoire », explique Amallyah-Peyssa.

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Amallyah-Peyssa Kolivai via Facebook

Océane FM Nouvelle-Calédonie a été un exutoire pour elle. L’équipe la soutient dans son combat : celui de devenir une femme. C’est alors qu’elle travaillait pour ce média qu’elle décide d’entamer les démarches pour changer de sexe. Née dans le corps d’un homme, Amallyah-Peyssa a très vite senti qu’elle devait être une femme pour se sentir bien dans sa peau. Dès l’âge de quinze ans, elle commence à s’intéresser à une possible transition et, à terme, à un changement d’identité. C’est en 2009 qu’elle entame les procédures. Elle démarre un traitement à base d’hormones, elle prend notamment Androcure et Oestrogel. Quelques années plus tard, en janvier 2017, elle réalise sa première opération chirurgicale et pas des moindre. Une vaginoplastie. « C’était une libération » s’exclame-t-elle. Et dans la foulée, Amallyah-Peyssa part en Thaïlande, faire une mammoplastie. « Ces opérations sont la réalisation de mon plus grand rêve, celui d’être une femme », raconte la calédonienne, le sourire aux lèvres. Amallyah-Peyssa est aussi une femme engagée. Dans le même temps, elle fonde l’association Lotus Doré NC qui défend la cause transsexuelle. Un moyen pour elle de continuer son combat mais surtout de se souvenir. « Le lotus est une fleur symbolique qui s’enracine dans la boue, explique-t-elle, la boue et les racines représentent les traumatismes que j’ai vécu. Et le fait que cette fleur s’épanouie vers l’extérieur, cela signifie qu’au-delà de mes traumatismes, il y a toujours une possibilité de s’épanouir ». Grâce à Lotus Doré NC, elle rencontre d’autres personnes intéressées par une potentielle transition ou qui débutent les démarches. L’association est également soutenue par des élus locaux, de quoi tenter de normaliser le combat dans le Pacifique sud.

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« C’est compliqué d’être une femme transgenre en Nouvelle-Calédonie, surtout si l’on veut travailler dans un média. A cause de l’image et surtout aux normes de la société ». Elle est d’ailleurs la seule actuellement en place dans un média de son pays. « J’espère que les mentalités évolueront de ce côté. Liberté, égalité, fraternité », scande l’animatrice. 

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Si elle a repris ses études, à l’Ecole Supérieure de Journalisme de Paris, c’est d’abord pour développer le web sur Océane FM Nouvelle-Calédonie. Mais aussi pour créer une structure tous médias à Futuna, son île natale. Puisque le changement est constamment présent, elle se dirige maintenant vers l’investigation puis souhaite poursuivre sa scolarité en doctorat.

 

De beaux projets pour une femme qui se battra toujours. 

 

 

Par Ludmilla Clocher

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